David St-Jacques

David St-Jacques copy.jpg

L'homme fusée du Québec

En 1972, l’année où Apollo 16 envoyait 16 hommes sur la Lune pour la cinquième fois, le célèbre chanteur anglais Elton John enregistrait la fameuse chanson « Rocket Man ». Les paroles racontent l’ambivalence d’un astronaute à l’égard du fait qu’il doit laisser sa famille pour entreprendre une mission vers l’espace. Alors qu’il est en orbite, l’homme de l’espace solitaire s’ennuie de sa femme et il est impatient de revenir sur Terre pour être avec elle. On dit que l’art s’inspire de la vie; et aucun homme ne reflète les complexités de cette éternelle lutte mieux que David Saint-Jacques, astronaute de l’Agence spatiale canadienne.

« Quitter ma famille était le plus grand défi de la mission », explique le mari et le père de trois enfants.

David, 49, s’est envolé vers la Station spatiale internationale à bord du Soyuz MS-11 en décembre 2018. Alors qu’il était dans l’espace, il est passé à l’histoire en devenant le quatrième astronaute de l’ASC à effectuer une sortie dans l’espace et le premier astronaute canadien à utiliser le bras robotique Canadarm2 pour réaliser un « attrapé cosmique ». Il a également mené des expériences scientifiques canadiennes et internationales, des démonstrations technologiques et il est revenu sain et sauf sur Terre au mois de juin. Ça fait partie du travail!

En passant 204 jours dans la SSI, l’astronaute a battu le record de la plus longue mission canadienne. Et malgré les 3264 orbites autour de la Terre et les quelque 139 millions de kilomètres parcourus, il n’a jamais perdu contact avec sa famille et il a réellement redéfini la signification de relation à distance éloignée.

« Bien qu’il soit l’astronaute de tous, il sera toujours mon mari. Je suis fière de lui en tant que personne, je suis heureuse qu’il ait pu poursuivre son rêve, mais je suis surtout fière qu’il entretienne sa relation avec les enfants, avec moi », racontait l’épouse de David Saint-Jacques lors d’une entrevue à Global News, quatre mois après le début de la mission.

Il les a appelés tous les jours; il a ouvert des cadeaux de Noël par l’intermédaire du iPad; il a participé aux « samedis gaufres » chaque semaine. Il faudrait ajouter « meilleur père » à sa liste de records.

Bien que son système vestibulaire ait dû endurer sa propre mission, David a appris à maintenir cet équilibre entre l’éducation, la famille et les aventures depuis des lunes. « J’ai passé une bonne partie de ma jeunesse à voyager avec mes parents qui ont su me mettre au défi de lire et d’apprendre à propos de tout. »

Né à Québec et élevé à Montréal par un père professeur de physique et une mère professeure d’histoire et de littérature, l’éducation était une priorité qui s’est éventuellement transformée en passion pour le jeune David Saint-Jacques.

« J’ai commencé par étudier l’ingénierie, comme mon père et mon grand-père, et j’ai travaillé quelques années comme ingénieur. » Il a obtenu un baccalauréat en génie physique de l’École polytechnique de Montréal, mais l’aventurier en lui n’était pas satisfait.

Il a ensuite obtenu un doctorat en médecine de l’Université Laval et il a complété sa résidence en médecine familiale à l’Université McGill. Son désir d’exploration, sa concentration et son dévouement lui ont valu d’être recruté par l’ASC en 2009, et il réalisa sa première mission solo dans l’espace 10 ans plus tard. Bien que le trajet vers l’espace en fusée ne dure que 10 minutes, l’entraînement physique, éducatif et émotionnel requis pour devenir astronaute dure des années-lumière. 

Pas étonnant que sa devise soit : « Tout ce qui mérite d’être fait, mérite d’être bien fait. »

« Un des principes directeurs de ma vie a toujours été d’élargir mes horizons, d’aiguiser mes connaissances et de pouvoir ensuite enseigner aux jeunes ce que je comprends. Et je crois que, en tant qu’astronaute, j’ai la chance d’élargir mes horizons à l’échelle de la planète entière, et c’est vraiment ce qui me réjouit. Et le fait d’avoir cette conscience pratiquement gravée dans mon esprit de ce à quoi ressemble le monde vu de l’extérieur, je crois que ça va m’aider à mieux comprendre qui nous sommes en tant qu’humains et la direction dans laquelle nous devrions orienter nos vies », dit-il.

Ce lancement dans l’espace entraîna un autre lancement, avec David Saint-Jacques aux commandes : « Explorer la Terre », une initiative éducative sur le Web qui utilise les photos qu’il a prises depuis l’espace durant sa mission. Ce projet, qu’il réalise en collaboration avec sa collègue, la Dre Roberta Bondar, astronaute, vise à raconter l’histoire de notre planète et l’impact continuel de l’humain sur l’environnement.

« Je veux vraiment partager cette perspective unique avec les étudiants et les Canadiens. À travers mes photos, je veux éveiller leur intérêt à comprendre comment fonctionne notre planète, et j’espère que ces connaissances nous donneront envie de mieux la protéger », explique l’astronaute.

C’est pour cette raison que David Saint-Jacques nomma sa mission Perspective. Son point de vue unique de notre planète, qu’il a pu observer durant sa sortie dans l’espace, a trouvé écho dans la connaissance de soi et celle de l’humanité.

« Je pensais à notre planète et à notre civilisation. Je me disais : “un humain est petit, mais la portée de l’esprit humain est immense.” Et me voici, représentant l’humanité en portant cet habit qui me garde en vie, le produit de l’imagination de personnes sur terre. Faire une sortie dans l’espace conçue par des personnes sur terre. Ça vous donne l’impression de faire partie de cette immense, puissante et magnifique force qu’est l’imagination humaine, la collaboration humaine. Je ne me sentais pas petit du tout, j’avais l’impression de faire partie de quelque chose d’immense », disait-il à Global News.

David Saint-Jacques a su rêver grand, travailler fort et viser la lune. Et aussi accompli qu’il puisse l’être, sa plus grande réussite demeure le fait d’être un bon père et un bon mari. « Cet équilibre est possible grâce à l’énergie (de ma femme), sa créativité et son sens de l’humour. Je suis nourri par ma famille — ça me garde les pieds sur terre! »

Quebec’s rocket man

In 1972, the year Apollo 16 sent men to the moon for the fifth time, renowned British singer Elton John recorded the infamous space song, “Rocket Man”. The lyrics tell a story of an astronaut’s ambivalence toward leaving his family to embark on a mission to space. While in orbit, the lonely space man misses his wife and can’t wait to get back to Earth to be with her. They say life imitates art; and no other man reflects the complexities of this internal tug-of-war better than Canadian Space Agency astronaut, David Saint-Jacques.

“Leaving my family was the biggest challenge of the mission,” says husband and father of three, looking back.

Saint-Jacques, 49, flew to the International Space Station on Soyuz MS-11 in December 2018. While in space, he made history by becoming the fourth CSA astronaut to conduct a spacewalk and the first Canadian astronaut to use the Canadarm2 robot arm to perform a “cosmic catch”. He also performed Canadian and international science experiments and technology demonstrations and returned safely to Earth in June of this summer. All in a day’s work!

At 204 days living and working on the ISS, Saint-Jacques set the record for longest Canadian mission to date. But amid 3264 orbits around the Earth and over 139 million kilometers travelled, he never lost touch with his family and truly redefined the meaning of a long-distance relationship.

“Even though he is everyone else’s astronaut, he will always be my husband. I am proud of him as a person, I am happy that he got to follow his dream that he had, but I am mostly proud that he keeps that connection alive with the children, with me,” said Saint-Jacques’ wife to Global News, four months into her husband’s mission.

He called them every day; he opened Christmas presents with them via iPad; he partook in “waffle Saturdays” every week, rejuvenating the Canadian in him with each syrupy bite. Add “best dad” to his list of records.

Although his vestibular system has gone through a mission of its own, Saint-Jacques learned to maintain this balance between education, family and adventure many moons ago. “I spent a lot of my youth travelling with my parents and constantly being challenged by them to read and learn more about everything.” Born in Quebec City and raised in Montreal by a professor of physics father and a teacher of history and literature mother, education took precedence and eventually passion in young Saint-Jacques’ life.

“I started out studying engineering, like my father and my grandfather before me, and I worked a couple of years as an engineer.” He earned his bachelor’s degree in engineering physics from Polytechnique Montréal, but that didn’t satiate the adventurer inside him.The generalist moved on to earn his MD from Université Laval and completed his family medicine residency at McGill University.

His desire for exploration, his focus and dedication translated into a recruitment to the CSA in 2009 and his first solo mission to space 10 years later. And though the journey to space by rocket is only 10 minutes or so, the physical, educational and emotional training involved in becoming an astronaut is lightyears longer. No wonder Saint-Jacques’ motto is, “Anything worth doing is worth doing right.”

“One of the guiding principles of my life has always been to broaden my horizons, to expand my understanding and to maybe be able to then turn around and teach what I understand to the younger people. I think, as an astronaut, I have this chance to broaden my horizons to the whole planet, and that’s really what I’m looking forward to. And having that consciousness practically in my soul of what the world looks like seen from outside — I think that will help me better understand who we are as humans and the way we should lead our lives,” he says.

So, with his launch to space came another launch with him in the driver’s seat: “Exploring Earth,” a web-based education initiative using photos he’s taken from space during his mission. The project involves both Saint-Jacques and fellow Canadian astronaut Dr. Roberta Bondar to tell the story of our planet and ongoing human impacts on the environment.

“I really want to share this unique perspective with students and Canadians. Through my photos, I want them to develop an interest in understanding how our planet works, and I hope this knowledge will give us all the urge to better protect it,” says Saint-Jacques of Exploring Earth. With this, Saint-Jacques named his mission, Perspective. His unique vantage point of our planet, seen clearly during his spacewalk, resonated with his self-understanding and that of humanity.

“I was thinking of our planet and our civilization. You think ‘one human is tiny, but the reach of the human soul is huge.’ Here I am, representing humanity; wearing this suit that’s keeping me alive, that’s the product of the imagination of people on the ground. Doing a spacewalk that’s been designed by people on the ground. It makes you feel like you’re part of this huge, powerful, beautiful force, which is human imagination, human collaboration. I didn’t feel tiny at all, I felt like I was part of something immense,” he tells Global News.

Saint-Jacques is a product of dreaming big, working hard and shooting for the stars. And as accomplished as he is, his greatest achievement is raising his three children and being a good husband. “This balancing act is made possible thanks to [my wife’s] energy, her creativity and her sense of humour. I am nourished by my family life — it keeps my feet on the ground!”

Sabrina Jonas

Collaboratrice régulière depuis 2014, Sabrina est titulaire d'un diplôme en journalisme de l'Université Ryerson.

A regular contributor since 2014, Sabrina holds a journalism degree from Ryerson University.

Previous
Previous

Le tonus avec Tina | Toning with Tina

Next
Next

Sonner l’alarme | Wake Up Call