Nick Suzuki

PHOTO: FRANÇOIS LACASSE/CLUB DE HOCKEY CANADIEN, INC

Le capitaine du peuple

De gamin à chef d’équipe, Nick Suzuki adopte Montréal avec tout son cœur de hockeyeur

Être capitaine des Canadiens de Montréal, c’est comme être un grand artiste et devoir accrocher son œuvre à côté des chefs-d’œuvre de Da Vinci, Delacroix et Caravaggio au Louvre.

Avec les ombres de leaders légendaires comme Béliveau, les frères Richard, Gainey, Cournoyer et d’innombrables autres, Nick Suzuki se retrouve en illustre compagnie en tant que visage de la franchise la plus ancienne de l’histoire de la LNH.

C’est une chose à laquelle le natif de London, en Ontario, âgé de 24 ans, ne peut s’empêcher de penser.

« J’y pense pratiquement chaque fois que je rentre dans le vestiaire pour un match », admet Nick, qui porte fièrement le « C » depuis la saison 2022-2023. 

« Honnêtement, je ne l’ai pas encore réalisé. J’essaie simplement de faire de mon mieux. Je sais que je suis jeune et que je ne suis pas le plus expérimenté, mais j’apprends chaque année. »

Acquis des Golden Knights de Vegas lors d’une transaction en 2018 qui incluait ironiquement l’ancien capitaine montréalais Max Pacioretty (les dieux du hockey ont une drôle de façon d’agir), Nick a eu la chance d’intégrer une équipe qui comprenait des leaders modernes avec lesquels il pouvait apprendre, comme Shea Weber et Carey Price.

« J’ai vu comment Shea et Carey se comportaient. Ce sont deux grands modèles pour moi, explique-t-il. Le fait de pouvoir parler à ces deux hommes quand je le souhaite est très important pour moi. »

L’inspiration n’est pas si difficile à trouver pour un membre des Canadiens de Montréal. Il suffit de lever les yeux vers le plafond du Centre Bell. Là, nichés entre l’acier et les lumières aveuglantes, sont accrochés les noms, les numéros et les bannières qui définissent la gloire de la ville.

Pour certains, le simple poids de cette histoire suffirait à leur faire trembler les genoux. Mais Nick fait preuve d’un calme imperturbable, ne se laissant pas impressionner par les attentes insatiables d’une ville folle de hockey et relevant déjà le défi d’être non seulement grand, mais aussi mémorable.

« L’héritage que vous pouvez laisser… On se souviendra de vous si vous gagnez ici », dit-il, un peu comme s’il faisait une promesse à son futur soi. « C’est ce que nous voulons tous. Nous voulons ramener une autre Coupe à Montréal et, je l’espère, pas seulement une. C’est une période excitante pour être un Canadien de Montréal, et maintenant c’est à nous de faire le travail. »

De grands mots de la part du petit gars de London, qui est devenu le plus jeune capitaine de l’histoire de la franchise à l’âge de 23 ans, éclipsant le défenseur Sylvio Mantha, membre du Temple de la renommée du hockey, qui avait été nommé capitaine à l’âge de 24 ans au début de la saison 1926-1927.

« Je crois que j’ai commencé à l’âge de quatre ou cinq ans », se souvient Nick à propos de sa période de hockey pour enfants à Lambeth, dans la banlieue de London. « J’ai joué pour les Canadiens. C’était ma toute première équipe de hockey, c’est un peu comme si je bouclais la boucle. »

Il est difficile d’imaginer que ses parents, Amanda et Rob, ne se soient jamais permis de rêver que tout cela serait possible pour Nick et son jeune frère Ryan, un talentueux choix de premier tour des Hurricanes de la Caroline en 2019.

Mais il s’avère que tous les matins à moitié endormis à l’aréna, alimentés par un café douteux et un amour du jeu, en valaient la peine après tout, car leurs garçons bien-aimés ont pu faire ce qu’ils aimaient. 

« Je pense que mes parents ont bien fait de ne pas nous pousser, mon frère et moi. C’était toujours à nous de décider ce que nous voulions faire », explique Nick. « Mon père est dentiste à London et ma mère travaille pour le ministère des Finances. Ils étaient toujours très occupés par leur travail, mais ils ont toujours pris le temps et les dispositions nécessaires pour que mon frère et moi puissions faire tout ce que nous avions à faire. »

Outre ses parents et ses grands-parents, Nick a eu la chance de bénéficier d’un système de soutien solide comme le roc depuis le premier jour. Qu’il s’agisse de professeurs dévoués ou d’entraîneurs inspirants, il a recueilli les connaissances et les points de vue de chacun d’entre eux tout au long de son parcours.

Aujourd’hui, Martin St-Louis, membre du Temple de la renommée et actuel entraîneur en chef du Canadien, est juste au-dessus de son épaule tous les soirs. Pour un jeune joueur qui apprend à diriger avec la pression supplémentaire de produire chaque match, c’est un mariage parfait.

« J’ai eu quelques réunions avec Marty à ce sujet, et il était dans une position similaire lorsqu’il jouait », raconte Nick, ajoutant que Martin avait l’avantage d’être un peu plus âgé lorsqu’il a été nommé capitaine du Lightning de Tampa Bay avant la saison 2013-2014.

« Ces deux dernières années, nous nous sommes concentrés sur l’équipe en premier lieu, et je suis impatient de savoir ce qu’il peut m’apprendre, déclare Nick. Il m’a déjà beaucoup appris et c’est vraiment spécial de pouvoir être entraîné par lui. »

Tout comme Martin, Nick mesure ses mots avec soin et sait déjà à quel point cette compétence peut être précieuse pour ses coéquipiers.

« Tu ne veux pas être un gars qui parle tout le temps. Les gars commencent à se déconnecter. Quand je parle, j’espère que les gars m’entendent et comprennent d’où ça vient. C’est quelque chose sur lequel je travaille. »

Et ce n’est pas seulement sur la patinoire qu’il travaille sur cette partie de lui-même. Vivant maintenant à Montréal environ 11 mois par année avec sa petite amie Caitlin à ses côtés, Nick s’efforce d’être présent dans la communauté avec les admirateurs qui l’ont adopté depuis qu’il a donné ses premiers coups de patin sur la glace du Centre Bell.

Après un été rempli de restaurants, de séances d’entraînement et de golf (note de la rédaction : son petit jeu se développe très bien), Nick a continué à s’aventurer hors de sa zone de confort sur l’une des plus grandes scènes de Montréal à la fin du mois d’août, lors du festival LASSO de Montréal.

Les dizaines de milliers de personnes rassemblées au parc Jean-Drapeau ont applaudi lorsque le capitaine des Canadiens est sorti des coulisses avec quelques-uns de ses coéquipiers amateurs de musique country pour enflammer la foule et présenter l’artiste Dean Brody.

« Nous étions assez nerveux », admet Nick en riant. « Je veux dire, aucun d’entre nous n’est vraiment habitué à parler en public. Le simple fait de se tenir devant la foule est assez angoissant. Mais je pense que nous avons fait du bon travail. »

Lorsqu’on lui demande si le style « country » se retrouvera dans le vestiaire cette saison…

« Nous verrons bien », répond Nick, qui est connu pour s’occuper de la musique avant et après les matches. « Cole [Caufield] et moi avons travaillé sur une playlist pour cette année. Il aime tout, mais plus la house et l’EDM, mais oui, on va faire quelque chose. »

Des moments comme celui du festival LASSO, ou même le simple fait de baisser la vitre de la voiture pour signer un autographe à la sortie de l’entraînement ne manquent pas d’impressionner les adeptes du Canadien.

Tout se résume à la passion, à l’effort et à l’accessibilité, et Nick semble l’avoir compris, donnant l’exemple avec une appréciation claire du tissu qui lie l’histoire et la culture de Montréal à la Sainte-Flanelle.

Vivre cette ville, c’est l’aimer.

« On dirait que tout le monde est content de nous voir, où que nous soyons. Je pense que c’est bien pour eux de voir que nous sommes des gars normaux, explique Nick. Nous sommes tous très proches en tant qu’équipe et nous aimons faire des choses ensemble. La fraternité que nous avons construite ces deux dernières années est géniale. »

Pour toute équipe sportive, ce genre de camaraderie authentique, c’est comme décrocher la lune. Décrochez-la pour que tout devienne possible. Décrochez la lune à Montréal, et l’impossible devient une histoire qui sera racontée pendant des générations.

Et si les dieux mercuriens du hockey ont encore le sens du spectacle divin en eux, la prochaine grande foule que Nick rassemblera pourrait bien se trouver le long de la rue Sainte-Catherine. 

The people’s captain

From tyke to team leader, Nick Suzuki embraces Montreal with all of his hockey heart

Being captain of the Montreal Canadiens is a little like being a great artist and then having to hang your work of art next to the masterpieces of da Vinci, Delacroix, and Caravaggio at the Louvre. 

With the shadows of legendary leaders like Béliveau, the Richard brothers, Gainey, Cournoyer, and countless others still darkening his stall, Nick Suzuki finds himself in illustrious company as the face of the most-storied franchise in NHL history.

It’s something the 24-year-old London, Ontario native can’t help but think about.

“I think about it pretty much every time I go into the dressing room for the game,” admits Suzuki, who’s been proudly wearing the “C” since the 2022-23 season. 

“Honestly, it hasn’t really sunk in yet. I’m just trying to do my best. I know I’m young and not the most experienced guy in the room, but I’m learning every year.”

Acquired from the Vegas Golden Knights in a 2018 trade that ironically included former Montreal captain Max Pacioretty (the hockey gods have a funny way about them), Suzuki was fortunate enough to integrate a room that included modern-day leaders to learn from like Shea Weber and Carey Price.

“I've seen how Shea and Carey handled themselves. They’re two really big role models for me,” he says. “Just to have those guys to talk to whenever I want is pretty special to me.”

Inspiration isn’t all that hard to find as a member of the Montreal Canadiens. One needs only to look up to the Bell Centre rafters. There, nestled between the steel and blinding lights, hang the names, numbers, and banners that define the city’s greatness.

For some, the sheer weight of that history would be enough to make their knees buckle. But Suzuki has an unflappable calmness about him, unfazed by the insatiable expectations of a hockey-mad city and already embracing the challenge of not only being great, but memorable as well.

“The legacy you can leave behind... You’ll be remembered if you can win here,” he says, almost as though making a pledge to his future self. “That’s what we all want. We want to bring another Cup back to Montreal and hopefully not just one. It’s an exciting time to be a Montreal Canadien and now it’s up to us to get the job done.”

Big words from the little kid from London, who became the youngest captain in franchise history at the age of 23, eclipsing Hockey Hall of Fame defenseman Sylvio Mantha, who was named captain at age 24 to begin the 1926-27 season.

“I think I started at [age] four or five,” recalls Suzuki of his time in tyke hockey in Lambeth, on the outskirts of London. “I played for the Canadiens. That was my first ever hockey team, so it’s kind of a full circle moment for me.”

It’s hard to imagine parents Amanda and Rob ever allowing themselves to dream that any of this would eventually be possible for Nick and his younger brother Ryan, a talented 2019 first-round draft pick by the Carolina Hurricanes.

But it turns out that all the sleepy arena mornings, fueled by questionable coffee and a love for the game, were worth it in the end because their beloved boys got to do what they enjoyed. 

“I think my parents did a good job of not pushing me and my brother. It was always up to us and what we wanted to do,” says Suzuki. “My dad’s a dentist in London and my mom works for the Ministry of Finance. They were always busy with their work, but always made time and arrangements for me and my brother to get to everything that we needed to do.”

In addition to his parents and grandparents, Suzuki’s been lucky to have a rock-solid support system since day one. From dedicated teachers to inspirational coaches, he’s collected knowledge and perspective from each and every one of them along the way.

Now, he has Hall of Famer and current Habs head coach Martin St. Louis just over his shoulder every night. For a young player who’s learning how to lead with the added pressure to produce game in and game out, it’s a match made in heaven.

“I had a couple meetings with Marty about that, and he was kind of in a similar position when he was playing,” says Suzuki, adding that St. Louis had the benefit of being a little older when he was named captain of the Tampa Bay Lightning prior to the 2013-2014 season.

“Over the last couple of years we’ve been focusing on all of the team stuff first, and I’m excited for what he can teach me,” says Suzuki. “He’s already taught me a lot and it’s really special to be able to get coached by him.”

Much like St. Louis, Suzuki measures his words carefully and is already aware of how valuable that skill can be with his teammates.

“You don’t want to be a guy that just talks the whole time. Guys start tuning out. When I speak, I hope guys hear me and understand where it’s coming from. It’s something that I’m working on.”

And he’s not only working on that part of himself at the rink. Now living in Montreal, roughly 11 months of the year with his girlfriend Caitlin by his side, Suzuki makes every effort to be out in the community with the fans who’ve embraced him since he took his first strides on Bell Centre ice.

After a summer filled with restaurant-hopping, working out, and plenty of golf (editor’s note: his short game is coming along nicely), Suzuki continued to venture outside of his comfort zone on one of Montreal’s biggest stages back in late August at the LASSO Montreal festival.

Cheers erupted from the tens of thousands crammed together at Parc Jean-Drapeau as the Habs captain emerged from behind-the-scenes with some of his fellow country music-loving teammates to fire up the crowd and introduce artist Dean Brody.

“We were pretty nervous,” admits Suzuki with a laugh. “I mean, none of us are really public speakers. Just standing up in front of everybody is pretty nerve-wracking. But I thought we did a pretty good job.”

When asked if any of those country vibes would find their way into the dressing room this season…

“We’ll see,” teases Suzuki, who’s been known to handle the tunes before and after games. “Me and Cole [Caufield] have been working on a playlist for this year. He likes everything, more house and EDM, but yeah, we’ll put something together.”

Moments like LASSO, or even the simple act of rolling down a car window for a quick autograph on the way out of practice aren’t lost on Habs fans.

It all boils down to passion, effort, and accessibility. And Suzuki just seems to get it, leading by example with a clear appreciation of the fabric that binds Montreal’s history and culture with the Sainte-Flanelle.

To live this city is to love this city.

“It seems like everyone’s excited to see us no matter where we are. I think it’s nice for them to see we’re just, like, normal dudes,” says Suzuki. “We’re all really tight as a team, and we like to do things together. The brotherhood we’ve built over the last couple of years is great.”

For any sports team, that kind of genuine camaraderie is like lightning in a bottle. Catch it and anything is possible. Catch it in Montreal and the impossible becomes a story to be told for generations.

And if those mercurial hockey gods have an ounce of divine showmanship left in them, the next big crowd Suzuki addresses might very well be along Sainte-Catherine Street.

Shaun McMahon

Avec 20 ans d'expérience combinée en tant qu'animateur radio, producteur, artiste voix off, journaliste, contributeur télé, agent en communications et rédacteur, les intérêts de Shaun McMahon sont vastes, mais se concentrent sur le sport, la musique, la technologie et la santé. Enfin, sa véritable passion se résume par son amour pour les gens et par sa quête de raconter leurs histoires incroyables.

With 20 years of combined experience as a radio host, producer, voiceover artist, journalist, TV contributor, communications specialist and feature writer, Shaun McMahon’s interests are vast, but often focus on sports, music, technology and healthcare. Ultimately, his true passion boils down to his love for people and the quest to tell their amazing stories. 

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